Communication : R. Aglio,  » Moyen Âge réel et Moyen Âge imaginé : Le réemploi des closoirs polychromes en Italie entre XIXe et XXe siècle », Paris, 24 mai 2022

La RCPPM est heureuse d’annoncer l’intervention de Roberta Aglio au Groupe de travail sur les images médiévales (EHESS) mardi 24 mai prochain.

Résumé :
En Italie, la redécouverte et la nouvelle fortune des closoirs peints, oubliés depuis des siècles et cachés par des faux plafonds ou des repeints, eut lieu à partir de la moitié du XIXe siècle, époque où le réaménagement des centres urbains de nombreuses villes conduisit à la démolition des bâtiments d’origine médiévale.
Les raisons du regain d’attention au niveau international apparaissent liées à des questions de collection et de goût. L’exigence des collectionneurs, européens et américains, n’était pas toujours liée à l’historicité de ces objets. Rechercher des témoignages du passé ne signifiait pas nécessairement en comprendre la pleine fonction et le rôle, les objets étant adaptés à de nouveaux contextes à travers un dialogue esthétisant riche de dissonances auquel contribuaient des restaurations et les réaménagements fonctionnels. Sauvés de l’oubli et de la destruction, la relocalisation de ces panneaux dans de nouveaux plafonds ou dans des contextes muséaux met en évidence un aspect fondamental : les closoirs décontextualisés deviennent des fragments dépourvus de liens avec le bâtiment et son territoire d’origine, dont la lecture est irrémédiablement entachée.
Transférées dans de nouveaux contextes, ces planchettes étaient investies d’un rôle différent, souvent uniquement décoratif, qui ne correspondait plus à celui recherché initialement. Bien que faisant partie à l’origine d’ensembles complexes, les closoirs acquièrent une série d’histoires autonomes et distinctes autant que les passages de collection auxquels ils sont soumis.
Les nombreux réaménagements dans lesquels ont été utilisés les closoirs de Crémone (par exemple : Borgo del Valentino à Turin, Casa Cavassa à Saluzzo, Castello Brown à Portofino, le palais de Stibbert à Florence, le palais Stroganoff à Rome, Castello Bonoris à Montichiari, la maison d’Ugo de Côme à Lonato del Garda, le palais Fodri et Sperlari à Cremona) permettent de suivre les parcours de collection et de se concentrer sur les différentes exigences qui ont guidé les restaurations et les repeints, parfois arbitraires, de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours. Ces modifications doivent être interprétées comme une source d’information fondamentale. En tout cas, les interventions conservatrices sur ces objets artistiques particuliers soulèvent actuellement des interrogations multidisciplinaires sur leur nature, sur les techniques d’exécution et surtout sur les résultats que l’on entend obtenir par rapport aux exigences d’exposition qui permettent en même temps une lecture historique des nombreux passés.

CURRICULUM
Roberta Aglio a étudié Histoire de l’Art médiéval à l’Université d’études de Bologne, avec une thèse sur les closoirs de la ville de Crémone en Lombardie. Plus tard, elle s’est spécialisée en Histoire des Arts Appliqués à l’École de Spécialisation en Histoire de l’Art de l’Université Catholique de Milan. Maintenant, elle est doctorante en Història i Història de l’Art à l’Universitat Rovira i Virgili de Tarragone (Espagne), avec une projet lié à la dispersion et à la collection des closoir entre XIXe et XXe siècle.
Ses recherches portent sur les closoirs de la région de Crémone et de Mantoue, en particulier sur la circulation des modèles iconographiques, sur les aspects liés à dispersion, sur les matériaux, la technique et les problèmes liés à la restauration. Ella a collaboré avec des universités, des musées, des institutions publiques et privées. Elle a publié plusieurs articles et essais, elle a participé aux conférences sur ces questions en Italie et à l’étranger.

Informations pratiques :
Mardi 24 mai, 14h-16h
Bureau AHLoMA
INHA,2 rue Vivienne 75002 Paris

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