Communication : T. Le Deschault de Monredon, « Autour d’une iconographie peu ordinaire sur la cheminée du Châtel de Theys : entre chevalerie, érotisme et alliance matrimoniale », 15 avril 2021

À l’occasion de cette communication donnée dans le cadre du séminaire doctoral Litt&Arts de l’Université de Grenoble Alpes, Térence Le Deschault de Monredon nous invite à visiter l’intérieur d’une maison forte de la fin du XIIIe siècle. Le décor mural somptueux de la salle de réception comporte trois registres, du bas vers le haut : de fausses draperies, un décor géométrique composé de quadrilobes historiés disposés en quinconces, une frise de blasons héraldiques. Quelques poutres comportent des traces de peinture (à plats de couleurs avec mouchetures). Le reste du plafond était-il peint et comportait-il des motifs figuratifs ? Il est impossible de le savoir à ce stade. Mais il faut imaginer que c’est dans ce contexte de décor ostentatoire que s’inscrivaient les plafonds peints, suscitant d’éventuels échos entre iconographie du mur et du plafond. 

L’analyse proposée du décor mural du châtel de Theys coïncide avec des techniques que la RCPPM utilise, comme l’analyse dendrochronologique, et avec les méthodes qu’elle promeut, comme l’analyse comparative. Térence de Montredon puise dans un vaste corpus d’images domestiques (carreau de pavement, valve de miroir, coffret, plafonds peints…), d’images de manuscrits et de textes littéraires français, latins et italiens, qu’il fait entrer en résonance avec brio, au service de l’exégèse. 

Le motif présent sur la cheminée par exemple, une joute de chevaliers au milieu de laquelle se tient debout une femme tenant deux bannières, symbolisant sans doute un mariage, se trouve presque à l’identique sur un closoir du plafond du Palazzo Serralunga à Alba. 

Térence de Montredon détaille tant le récit qui se déroule sur les murs que le symbolisme des détails. Dans la série de quadrilobes qui font le tour de la pièce sur deux registres, on voit l’enfance de Perceval et ses premiers exploits. La narrativité induite est discontinue, et donc foncièrement différente de celle que l’on retrouve souvent sur les fresques. En raison du petit format des peintures, Térence Le Deschault de Monredon émet l’hypothèse qu’elles ont pu être faites par un enlumineur. On peut aussi les rapprocher des closoirs sur les plafonds peints. Eux aussi sont de petit format, et, mis en série, sont susceptibles de raconter une histoire. Les cycles longs restent rares sur les closoirs, de même que l’exemple développé ici est pour le moment unique en son genre. De même, ce type de cycle narratif fragmenté est jusqu’à présent unique sur les murs des maisons médiévales. 

L’étude du rôle de la discontinuité dans un projet narratif reste à faire ; elle bénéficiera certainement d’une étude conjointe des plafonds et des murs, en lien avec les enluminures. 

La conférence peut être visionnée sur la page d’accueil du site du château : https://chateldetheys.com/

Pour aller plus loin : Térence Le Deschault de Monredon, Le Décor peint de la maison médiévale. Orner pour signifier en France avant 1350, Picard : Espaces médiévaux, 2015. 

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