Trèbes, Eglise Saint-Etienne
Adresse
Trèbes, Eglise Saint-Etienne
Contexte historique
A quelques kilomètres de Carcassonne, Trèbes était une bourgade active qui comptait en 1340 plus de 400 feux, soit près de 2 000 habitants. Les paroissiens se rassemblaient dans la grande nef à six arcs diaphragmes de l’église Saint-Etienne, nouvellement édifiée. On en dé- couvrit la charpente en 1977, soutenue par 175 corbeaux traversant, peints à leurs deux extrémités. Ils furent sauvés in extremis, lorsqu’un employé municipal remarqua des peintures sur un morceau de poutre vermoulue.
Description
Iconographie
Les 350 corbeaux sont décorés. Au-dessus de chaque sujet, une fleur de lys est figurée ; elles sont toutes différentes, selon le principe de « variété », fondamental à l’époque médiévale. Sous la fleur de lys, figurent des animaux (dont 17 lions), des motifs végétaux et des figures humaines.
Sur les corbeaux qui soutiennent la poutre centrale, plus larges, les personnages sont re- présentés accroupis. Des autres, on ne voit que le cou et le visage. Une société diversifiée y est peinte : hommes et femmes y sont figurés en nombre équilibré, prélats et clercs, rois et che- valiers (7 cas), moines et religieuses, riches et pauvres. Les différences sociales sont marquées par le vêtement. Les personnages sont cernés de noir selon un tracé sûr : les cheveux ondulés, les barbes de certains, les rides et les fossettes, le détail des coiffures font de chaque buste un personnage différent des autres. Seules les couronnes des rois sont strictement identiques. Mais aucune armoirie, aucune légende ne permet de les identifier. Ce ne sont pas des individus qui sont représentés, mais l’image globale d’une société, perçue comme essentiellement variée. Certaines figures grimaçantes, sont peut-être là, tout en haut de la nef, pour protéger du mal, à la manière des gargouilles à l’extérieur des églises.
Plusieurs ateliers ont travaillé à cet ensemble. Le premier est intervenu dans les dix premières travées à partir du chœur ; un style commun y prévaut. Visage ovoïde, nez droit, yeux en amande, lèvres et pommettes rouges : on y reconnaît cependant deux mains, l’une plus attentive aux traits du visage et à son modelé, l’autre aux détails du costume, l’une et l’autre talentueuses. Les peintures du second atelier sont plus dépouillées et moins variées, même s’il s’essaie, assez maladroite- ment, au portrait de profil ou de trois quarts.
Monique Bourin