Pomas, Château

Photo PO Dittmar/RCPPM

Un ensemble remarquable de plafonds (généralement à poutres et solives) réalisés entre 1492 et 1495. Des cloisoirs d’une grande qualité, avec portraits, héraldiques, animaux. Un style d’influence italienne.

Inscription au titre des monuments historiques le 14/04/1948 et 16/11/1987

Adresse

Pomas, Aude

Contexte historique

A l’extrême fin du XVe siècle, un riche Limouxin, Antoine Rabot, fit bâtir un vaste château, surplombant la vallée de l’Aude. Son père avait fait fortune au service du roi et de l’évêque d’Alet. Il établit chacun de ses trois fils sur une seigneurie dotée chacune d’un château ; ils ne cessèrent pas pour autant de servir le roi, ni de siéger au consulat de Limoux. Le château de Pomas est celui d’un homme en pleine réussite.

Description

planUn grand plafond couvre toute une aile du château qui, d’après Jacques Peyron, n’aurait formé qu’une seule salle. Les cinq poutres de ce plafond à poutres et solives offraient 180 closoirs passionnants par leur variété, dans un décor végétal de pervenches, de roses et de fleurs aux pétales stylisés. Les couvre-joints dessinent une géométrie subtile, qui donne à voir de grands rectangles sur les ais du plancher.

Iconographie

Les closoirs font du château de Pomas un immense décor héraldique : près de la moitié des closoirs conservés porte des armoiries. Bien entendu, les Rabot, avec leurs armes parlantes sont en bonne place sur les poutres 1 et 5. Les lys de France aussi, et les armes d’Anne de Bretagne, ainsi que celles du Dauphin. Ils permettent de dater le plafond du vivant du Dauphin, Charles-Orland, entre 1492 et 1495. Auprès d’eux, celles du sénéchal de Carcassonne Jean de Lévis. Les armes des diverses branches de la famille royale de Na- varre, les Albret, complètent ce Gotha, auquel s’ajoutent les prélats, notamment Georges d’Amboise, archevêque de Narbonne (1492- 1494), Pierre d’Abzac, abbé de Lagrasse, l’évêque d’Alet et celui de Carcassonne. Et une bonne part de la noblesse régionale. A cet armorial sont consacrées les deux faces de la deuxième poutre, les deux faces de la quatrième et une de la cinquième.

Closoir du château de Pomas, Photo. PO Dittmar/RCPPM

Les autres poutres se partagent les thèmes qui ne sont pas héraldiques. Les animaux familiers sont particulièrement variés, chien, cheval, un âne (hilare), une biche, et bien d’autres dont un chat tenant une souris dans sa gueule. Quelques animaux fantastiques, basilic, sirène, et des hybrides variés complètent ce riche bestiaire. Une représentation très précoce de la bigorne renvoie au Roman de Renard le contrefait et participe de la veine satirique, si présente dans les plafonds peints. Mais ils voisinent avec la décollation de saint Jean, Moïse présentant les Tables de la Loi, un très beau saint barbu et quelques autres closoirs qui introduisent une référence religieuse. Les plus éblouissants des closoirs sont des portraits.

L’une des caractéristiques les plus surprenantes de ce plafond est son caractère italianisant et antique. Dans la technique du portrait tout particulièrement, mais aussi dans la présence de putti et d’enfants. Mais tout à côté d’un portrait d’une grande audace, un animal raide et pataud ou un écu mal soigné rendent ce plafond disparate et énigmatique. Monique Bourin

Photo et plan CC. PO. Dittmar et Caroline Lejeune

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