Nuit des musées 2017 : présentation du travail d’une classe de collégiens autour des plafonds peints au Palais des archevêques de Narbonne
Sous le magnifique plafond peint du palais des archevêques de Narbonne, la classe de 5e 5 du collège Victor Hugo a présenté, dans le cadre de la Nuit des musées, un spectacle très réussi, inspiré par le travail fait tout au long de l’année avec leur professeur d’histoire, Eve Guilhot-Curbilié et accompagné par l’Animation du Patrimoine et des Musées et les guides-conférenciers de Narbonne, Ville d’art et d’histoire. Pour la circonstance, les Archives Départementales de l’Aude ont prêté les panneaux de l’exposition consacrée aux plafonds peints médiévaux, réalisée en 2011, en collaboration avec la RCPPM.
Le projet initial était une étude d’histoire des arts autour de l’évolution de la décoration des intérieurs privés entre l’antiquité et l’époque moderne. Depuis les mosaïques romaines, en passant par les fresques du Clos de la Lombarde, ils en sont venus à s’intéresser aux plafonds peints, de leur apparition au début du XIIIe siècle jusqu’au XVIIIe.
Eve Guilhot-Curbilié raconte : « nous avons sélectionné les closoirs [planchettes peintes fermant l’espace sombre et disgracieux entre les solives] les plus éloquents de notre région, proches de Narbonne pour la plupart. Le point de vue que j’ai choisi est celui du bois. Qui mieux que lui peut raconter l’histoire de la fabrication de ces charpentes peu ordinaires? Nous avons remonté le temps, depuis l’abattage des arbres dans les forêts audoises de la Haute vallée. Les bûcherons livraient les bois attachés en radeau, par flottage sur l’Aude. Nous avons expliqué les gestes et les outils des charpentiers, à partir des célèbres closoirs qui les représentent au travail, au plafond de la cathédrale de Teruel (Aragon). Puis nous avons étudié comment la peinture était préparée, les pigments, les liants, les conservateurs. Enfin, par thème, nous avons évoqué les sujets de prédilection des peintres: scène de chasse, scènes de la vie quotidienne, musiciens, costumes, animaux réels ou imaginaires, hybrides. »
Dans le vieux « tinel » du palais archiépiscopal, devant une guirlande d’images de closoirs en grand format, à la manière d’un plafond qu’ils auraient pu peindre, ils ont dit les textes dans lesquels ils racontent, à la première personne du singulier, le devenir d’un closoir. Et pour conclure, chacun a indiqué ce qui l’a marqué dans ce travail. Le public était sous le charme. Moi aussi : ces élèves ont découvert ce qu’est la réflexion historique et le sens du temps.
J’ai rencontré Eve Guilhot-Curbilié au cours de cette année scolaire et la collaboration a été un très grand plaisir. Cette sympathique classe a eu bien de la chance d’avoir ce professeur passionnant ; je la souhaite à beaucoup d’autres.
Monique Bourin,
Professeur émérite d’histoire du Moyen Âge à l’Université de Paris 1
Association de recherche sur les charpentes et plafonds peints médiévaux (RCPPM)
Leurs conclusions :
Célian
« Grâce à ce travail, j’ai appris qu’à cette époque, chaque seigneur avait un plafond peint qui illustrait parfaitement ses goûts, les choses qu’il appréciait (les personnes qu’il aimait, la musique, la chasse, les combats …). Alors qu’aujourd’hui, chacun expose ses goûts sur les réseaux sociaux, Facebook est un peu un plafond peint moderne. »
Raphaël F
« J’ai appris que les modes ont changé au cours de l’histoire. Au Moyen Âge, les hommes coupaient des arbres pour peindre sur du bois brut. Maintenant nous coupons du bois que nous transformons en feuilles de papier pour dessiner dessus. »
Evan
« Dans la salle du palais des archevêques, je ne pensais pas qu’il y aurait des scènes de guerre mais plutôt des scènes religieuses. Je croyais que les religieux auraient plutôt des décorations liées à la religion : un Christ, des croix, des anges… alors qu’en fait c’est tout l’inverse. Ici, il y a des combats, un siège, un engin de guerre…Moi qui pensais que la religion n’aimait pas la guerre eh ! bien j’avais tout faux. »
Néo
« Grâce à ce travail, j’ai appris qu’à l’époque, les plafonds étaient magnifiques, pleins de couleurs. Ils représentaient les scènes de la vie quotidienne, les scènes de guerre … Alors qu’aujourd’hui les plafond sont la plupart du temps blancs ou d’une seule couleur. »
Raphael H
« Aujourd’hui on achète le bois dans un magasin mais avant, on devait aller en couper assez loin, envoyer des gens qui choisissent les arbres, puis les emmener dans la ville du propriétaire d’une belle maison, en laissant le bois descendre la rivière par radeau.. »
Lucas
« Au Moyen âge, il y avait déjà des échanges commerciaux entre l’Asie et Narbonne ce qui est assez impressionnant à cette époque car ils n’avaient pas de quoi communiquer entre eux, comme on peut le faire aujourd’hui. »
Sarah
« J’ai été impressionnée par leur système assez simple et évident. Ils n’avaient pas besoin de camion pour transporter le bois, ils n’avaient pas besoin d’usines pour fabriquer des vêtements. Ils n’avaient pas de réseaux sociaux mais ils décoraient leurs maisons avec ce qu’ils aimaient (loisirs, animaux, images de couples ou de familles) sur les closoirs de leurs habitations. Ça montre que les temps changent et évoluent pour le meilleur et pour le pire. »
Mathis
« Aujourd’hui pour peindre on a juste à claquer des doigts, on va au supermarché et on achète la peinture. Mais avant, il y avait énormément de travail. On utilisait des pigments naturels, il fallait élaborer des recettes et des mélanges pour avoir les couleurs que l’on souhaitait. Il fallait aller jusqu’en Asie pour avoir de beaux pigments comme le lac-laque ou le lapis-lazuli. »
Romane
« Sur les plafonds peints, les représentations parlent de la vie quotidienne, des goûts, des animaux mais aussi des scènes de guerre. C’est incroyable que l’on puisse obtenir tant d’informations venant du passé. »
Erina
« Au début je croyais que les plafonds peints étaient peints très simplement, mais en fait pas du tout. C’est un procédé complexe et minutieux. »