Communication : Maud Pérez-Simon, Louise Millon-Hazo, « Mises en abyme de la femme dans l’espace domestique », séminaire MEDIEVARS, 26 novembre 2021
À l’occasion du séminaire interdisciplinaire MEDIEVARS « Figures de soi, reflets du monde – Moyen Âge, Renaissance », placé sous la double coordination des laboratoires L’AMo (Elisabeth Gaucher-Rémond) et LARA (Ambre Vilain), Maud Pérez-Simon (Université Sorbonne Nouvelle) et Louise Millon-Hazo (Université de Nantes) interrogeront la mise en abyme de la femme dans l’espace domestique, à partir des coffres et plafonds peints du Moyen Âge et de la Renaissance. Les plafonds peints seront évoqués en première partie de communication par Maud Pérez-Simon, qui s’intéressera à trois types de femmes puissantes.
Présentation :
La femme est souvent associée à la sphère domestique, tandis que l’homme évolue dans l’espace public. Un corpus d’œuvres visuelles tout à fait inédit émerge depuis une quinzaine d’années et nous offre un nouvel angle d’approche de l’espace domestique au Moyen Âge : les plafonds peints.
C’est la première fois dans l’histoire de l’art que l’on peut avoir accès à une telle iconographie encore in situ. Les élites urbaines médiévales ont trouvé ce moyen, parmi d’autres, de faire étalage de leur richesse et de leur statut social auprès de leurs visiteurs, voire de leurs clients, pour les riches marchands. Sur les plafonds, on voit des blasons, des hybrides, des saynètes (chasse, musique…), des écrits. Cette mode a eu cours au XIVe et au XVe siècle principalement en Occitanie, en Espagne, dans le Nord de l’Italie et en Sicile.
Dans cet espace de représentation et de valorisation au sein de la maison, quelles images de la femme peut-on voir ressortir ? Nous répondrons à cette question en confrontant les plafonds peints à d’autres types d’iconographie domestique.
Il sera en effet stimulant de mettre en regard les plafonds privés, à l’intersection de l’intime et de la représentation publique, avec les coffres de mariage renaissants, objets conservés dans la chambre des époux, mais traversés par les codes sociaux du portrait de soi. Que nous disent les programmes iconographiques des paires de cassoni — propres à ranger le trousseau de la mariée — de la perception des rôles et des fonctions de l’épouse ? Nous concentrerons l’enquête sur la collection du marquis Campana conservée au musée national de la Renaissance.
En nous interrogeant sur ces peintures appartenant à l’espace domestique, nous veillerons à souligner la circulation des motifs iconographiques et textuels, à relever les choix des commanditaires et des peintres. L’interprétation du texte par l’image implique forcément des lacunes par rapport au récit déroulé dans la temporalité. L’effacement ou à l’inverse la valorisation d’une scène au détriment d’une autre esquissent les attentes, très majoritairement masculines, vis-à-vis des femmes.
Alors que le plafond s’étale à la vue de tous les visiteurs, du moins si l’on prend la peine de lever les yeux, le coffre de mariage est retiré dans l’espace le plus intime, la chambre ; l’ouvrir et en découvrir le creux, le panneau intérieur du couvercle, accentue encore davantage la confidentialité de l’objet. Nous serons sensibles aux spécificités des espaces, des usages et des formes propres à nos objets d’étude.
Informations :
Vendredi 26 novembre, 14h-17h
Lien pour s’inscrire au séminaire à distance (ZOOM) : https://histoire.univ-nantes.fr/medievars