Metz : Plafond peint aux armoiries (12, rue des Clercs)
Véritable armorial du XIVe siècle, le plafond peint provenant du n°12 rue des Clercs à Metz est un ensemble conservé dans son intégralité exposé depuis vingt-quatre ans au Musée de La Cour d’Or- Metz Métropole. Les quelques études héraldiques menées jusqu’à présent ont permis l’identification de la série d’armoiries remarquablement organisée. Leur agencement renforce ainsi le caractère solennel de l’œuvre et la polychromie de l’ensemble, quasi intacte, permet de prendre la mesure de l’importance du décor peint dans les demeures médiévales.
Informations pratiques :
Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole
2, rue du Haut Poirier, 57000 Metz, Tél : +33 (0)3.87.20.13.20 Fax : +33 (0)3.87.36.51.14
Internet : http://musee.metzmetropole.fr Courriel : musee@metzmetropole.fr
Ouvert tous les jours sauf le mardi :
Lundi, mercredi, jeudi, vendredi : 9h- 17h, Samedi et dimanche : 10h- 17h.
Horaires spécifiques du 9 mai au 17 septembre 2012 : 10h-18h.
Bibliothèque du Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole
Ouvrages, périodiques et fonds documentaire en relation avec les collections du musée.
Consultation sur place, du lundi au vendredi, Sur rendez-vous au 03.87.20.13.29
Découverte et dépose :
Préservé par un faux plafond de plâtre, le plafond peint médiéval fut découvert le 6 mars 1968 dans les locaux du journal Le Républicain Lorrain, installés au n°12 rue des Clercs. Le fondateur du journal, Victor Demange, conscient de l’importance et de la rareté d’une telle œuvre en fit immédiatement don au musée de la ville auxquels il portait un grand intérêt1. Le plafond fut conservé in situ dans un premier temps avant d’être déposé dans son intégralité en juillet 1984. En effet, ce n’est que suite au déménagement des locaux du journal dans la rue Serpenoise et grâce au financement de la Ville de Metz, de la direction des Antiquités de Lorraine et de quelques organismes privés2 que le plafond put être transféré au musée et prendre place dans l’une des nouvelles salles d’exposition qui avaient été aménagées par le conservateur de l’époque Gérald Collot, lors de la grande extension du musée. Si son installation au Musée de La Cour d’Or- Metz Métropole avait pour objectif de rendre une œuvre aussi rare accessible à tous, elle a également permis un enrichissement considérable de la collection de plafonds peints messins commencée au XIXe siècle avec la découverte des plafonds au bestiaire peint du XIIIe siècle.
Le plafond peint, ainsi que deux fragments de peintures murales contemporains représentant un oiseau et un cortège de guerriers avec des hommes couronnés3, ont été retrouvés dans une pièce aux dimensions non négligeables (11m x 6m) évoquant avec quasi certitude une salle d’apparat. Peint à la détrempe, le plafond est composé de 18 poutres armoriées peintes sur les trois faces visibles. Sur chaque poutre, nous retrouvons deux armoiries en tableaux rectangulaires dépeintes à trois reprises et disposées en alternance. Les planches entre les poutres sont quant à elles décorées d’un semis d’étoiles rouges peintes au pochoir sur un fond bleu dont il reste aujourd’hui quelques traces. Comme l’a fait remarquer l’héraldiste Jean-Claude Loutsch, on se rend compte en analysant la disposition des 36 armoiries présentes, qu’elles sont agencées selon une certaine hiérarchie regroupant dans un premier temps les armes des grands royaumes tels que la France, l’Angleterre, la Hongrie, la Bohême et celles de la papauté. Viennent ensuite les princes-électeurs de l’Empire aux côtés desquels nous retrouvons quelques évêques et grands feudataires clémentistes de la région excepté ceux de Metz, tous partisans du pape d’Avignon. Enfin, prennent place les armoiries des seigneurs et de nombreux duchés comme ceux de Lorraine, de Luxembourg, de Bourgogne, de Bretagne, mais aussi des comtés de Salm, Sarrebruck, Sarrewerden ou encore Vaudémont… Un indice peut nous permettre une éventuelle identification des premiers propriétaires : la présence d’écus ornant le chevêtre au centre de l’œuvre et de la salle, qui devait être occupée par une cheminée comme c’est le cas actuellement dans la présentation muséographique de M. Collot. L’un d’eux n’est malheureusement pas encore identifié, alors que l’autre, de gueules à six tours d’or posées 3-2-1, était celui de la famille patricienne messine des Le Hungre. L’hôtel du n°12 rue des Clercs fut acquis par le chapitre de la cathédrale à la fin du XIVe siècle, puis habité par le chanoine Thierry de la Tour en 14084.
Si une analyse dendrochrono-logique a permis de dater l’abattage des arbres en 1328, il n’est toutefois pas évident de préciser la date de mise en peinture de l’œuvre. Cela dit, en tenant compte du temps de séchage nécessaire au bois et des indices de datation relatifs aux armoiries présentes, Jean-Marie Pierron et Ilona Hans Collas situent sa réalisation entre 1362 et 13655 alors que Jean-Claude Loutsch proposait la date plus récente de 1384. Seule une petite surface a bénéficié d’un repeint du XVIe siècle, où le propriétaire de l’époque a choisi d’ajouter ses initiales et quelques petites scènes de chasse dans des cartouches, ainsi qu’un couple de chevaux.
Nathalie Pascarel, étudiante en Master Recherche d’Histoire de l’Art et de l’Architecture à l’Université de Strasbourg, juillet 2010.
Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole :
Plafond peint aux armoiries du n°12 rue des Clercs, Metz, milieu du XIVe siècle, n°inv.84.48.1.
Bibliographie spécifique et récente:
– PASTOUREAU M., L’Art héraldique au Moyen Âge, Paris, Seuil, 2009.
– BARDIES-FRONTY I. (dir.), Musées de Metz : Dossiers d’œuvres, Metz, Musées de Metz La Cour d’Or, 2007.
– PASTOUREAU (M.), Traité d’héraldique, 4e édition, Paris, Picard, 2003.
– HANS COLLAS (I.), « Peintures murales : Metz, maison, 12 rue des Clercs », in Vivre au Moyen Âge : Luxembourg-Metz et Trèves, Luxembourg, Musée d’histoire de la ville de Luxembourg, 1998, pp. 336-339.
– HANS-COLLAS (I.), (sous la direction d’Albert CHATELET), Images de la société : entre dévotion populaire et art princier : la peinture murale en Lorraine du XIIIe siècle au XVIe siècle, thèse de doctorat, Histoire de l’Art et Archéologie. Strasbourg II, 1997.
– LOUTSCH (J.-C.), Les plafonds armoriés de la ville de Metz, étude inédite, 1996, (14 pages)
– Metz Médiéval : mises au jour, mise à jour, [exposition, Metz, Musées de la Cour d’or, du 13 décembre 1996 au 31 mars 1997] / [catalogue sous la dir. de Valérie Goedert, Valérie Thomas, Pierre Thion], Metz, Musées de la Cour d’Or, 1996.
– SARY (M.), LEGAY (C.), La Cour d’Or : Trésors du Musée de Metz, Metz, éditions Serpenoise, 1988.
– PIERRON (J.-M.), Etude de la salle à décor médiéval de l’immeuble 12 rue des Clercs à Metz, étude inédite, [s.d.], (11 pages)
– PIERRON (J.-M.), Le plafond à décor héraldique de l’immeuble 12 rue des Clercs à Metz, étude inédite, 14 novembre 1984 (6 pages)
– PUHL-DEMANGE (M), Musées de Metz, un fabuleux plafond gothique, (12 pages).
Notes
1 PUHL-DEMANGE (M.), « Une contribution du Républicain Lorrain au patrimoine messin », in Musées de Metz, un fabuleux plafond gothique, p. 2, (12 pages).
2 LE BIHAN (O), « Un somptueux plafond gothique aux musées de Metz », Le Républicain Lorrain, 10 février 1985.
3 Les deux fragments de peintures murales (n°inv. 84.48.3 et 84.48.4) ainsi que le plafond sont présentés dans la même salle d’exposition.
4 LOUTSCH (J.-C.), Les plafonds armoriés de la ville de Metz, étude inédite, 1996, p. 7.
5 PIERRON (J.-M), Etude de la salle à décor médiéval de l’immeuble 12 rue des Clercs à Metz, étude inédite, 14 novembre 1984, (6 pages). HANS COLLAS (I.), (sous la direction d’Albert Châtelet), Images de la société : entre dévotion populaire et art princier : la peinture murale en Lorraine du XIIIe siècle au XVIe siècle, thèse de Doctorat, Histoire de l’Art et d’Archéologie, Strasbourg II, 1997, p. 47.